Phantasmes by Marc Agapit

Phantasmes by Marc Agapit

Auteur:Marc Agapit [Agapit, Marc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
ISBN: néant
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1962-10-14T16:00:00+00:00


CHAPITRE XI

Je me suis éveillée après une nuit de sommeil sans rêves. Le docteur est là, près de mon lit. Il me frictionne les yeux.

— Ouvrez les yeux, fermez-les, ouvrez-les. J’obéis. Mes paupières fonctionnent. Je les relève, je les abaisse à volonté.

— Levez le bras droit, le gauche.

Je soulève un peu mon bras droit, puis il retombe inerte. Quant au gauche, je n’ose pas le faire bouger, à cause de mon mal d’épaule.

— Encore un peu ankylosée ? On vous frictionnera. Ça vous passera. L’épaule vous fait moins mal, n’est-ce pas ?… Ah ! vous avez souri ! Savez-vous que vous êtes fameusement jolie quand vous souriez ?

Je sens battre mon cœur à coups précipités. C’est la joie, l’émotion que j’éprouve en me sentant revenir à la vie.

J’ai réussi à remuer les jambes, la tête. C’est délicieux de pouvoir bouger. Puis ma langue s’est mise de la partie :

— Docteur, ai-je dit, je… je…

— C’est ça, parlez, parlez-moi.

— Je vous suis reconnaissante… de m’avoir soignée.

— C’est mon métier de soigner les gens. Vous avez faim ?

Tout à coup, je m’aperçois que je suis affamée. J’ai dit :

— Oui, j’ai faim… j’ai faim.

— Bon signe, ça ! On va vous apporter à manger.

Un quart d’heure plus tard, l’infirmière de garde m’a apporté un plateau plein de vivres : des hors-d’œuvre variés, une aile de poulet, une tranche de rôti, des petits pois, du fromage et des fruits. Le dos bien calé contre un oreiller, j’ai mangé avec appétit. J’ai bu un verre de vin de Bordeaux.

Les forces me reviennent. La vie renaît. C’est beau, quand même, la vie, cette vie que j’avais voulu déserter. Cette clinique est sympathique. Tout le monde me sourit.

Mon repas terminé, je me suis endormie. Pendant mon sommeil, je n’ai pas revu le séjour des morts.

*

* *

Quelques jours se sont écoulés. Je me rétablis peu à peu. L’épaule ne me fait presque plus mal. J’ai à peu près récupéré ma vivacité habituelle de gestes. Je me lève chaque après-midi, mais la tête me tourne encore un peu, et je reste assise sur une chaise.

*

* *

Ce matin, une main qui me secouait m’a réveillée. J’ai ouvert les yeux. J’ai vu le docteur qui me regarde en souriant.

— Savez-vous, me dit-il, que vous avez dormi cette fois-ci toute la journée d’hier, toute la nuit et aujourd’hui jusqu’à midi ? Il ne faudrait pas me faire maintenant de la léthargie.

— Léthargie ?

— Oui. La léthargie succède quelquefois à la paralysie. Les membres demeurent souples, mais le corps du malade a toutes les apparences de la mort. Ça se termine ordinairement par le coma ; ensuite vient la mort.

J’ai été effrayée.

— Vous croyez que…

— Mais non, je plaisantais. Vous parlez, vous bougez, vous mangez, donc tout va bien. Je vous ai laissée dormir, afin que vous récupériez. Vous aurez encore besoin de repos, mais vous n’avez plus l’air d’un cadavre comme lorsque vous êtes arrivée ici. Votre teint frais, votre regard vif me rassurent. Vous allez prendre votre déjeuner, puis tout à l’heure je viendrai bavarder avec vous.



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